La crise énergétique est devant nous. Des coupures d'électricité sont à prévoir cet hiver, les factures explosent. Cette crise ne surgit pas de nulle part : même si la guerre en Ukraine aggrave la situation pour le gaz, la crise électrique n'est que la conséquence de politiques menées depuis des années. Point sur la situation et ses conséquences.

Le gaz

La guerre en Ukraine a entraîné des difficultés dans l'approvisionnement en gaz russe, boycotté en partie dans le cadre des sanctions économiques contre l'agresseur. L'approvisionnement actuel dépend en grande partie du GNL (Gaz Naturel Liquéfié) produit en notamment aux USA (gaz de schiste). Au-delà du bilan écologique défavorable, les coûts de liquéfaction/regazéification/transport grève son prix. Les multinationales en profitent largement. Résultat le prix explose mais l'approvisionnement est assuré pour l’hiver.

- Pour les collectivités éligibles aux marchés passés par Energie28 (avec Gaz de Bordeaux), la note sera multipliée par 3,3 à partir de janvier 2023.

- Pour les foyers (ou petites communes) éligibles au tarif réglementé il ne faut surtout pas en changer malgré les courriers qu'envoie le gouvernement pour annoncer la fin de se tarif en juin 2023. Les associations de consommateurs recommandent de ne rien faire, la continuité de la fourniture sera assurée et qui sait le gouvernement aura peut-être la volonté de le maintenir ?

L’électricité

La filière nucléaire n’assure plus les 75 % de la production habituelle. Beaucoup de réacteurs ont mal vieilli et des opérations de maintenance y sont menées. En général la France bénéficie de l’électricité produite en Allemagne pour passer le cap, difficile cette année car une partie des centrales allemandes fonctionnent au gaz. Du coup la France a remis en service une centrale au charbon. Malgré cela des coupures sont à prévoir.

Le tarif de l’électricité est indexé sur celui du gaz (merci l’Europe et les gouvernements français successifs qui ont accepté cette absurdité). Tout cela pour mettre en place un marché unique de l’énergie qui d’évidence ne fonctionne pas.

- Pour les collectivités éligibles, non éligibles au tarif réglementé, aux marchés passés par Energie28 (avec EDF), la note sera multipliée par 3,1 à partir de janvier 2023 (prévision).

- Pour les particuliers et les collectivités éligibles au tarif réglementé il faut s’attendre à une hausse de 15 %.

La responsabilité du lobby du nucléaire dans la crise

En promettant monts et merveilles à des politiques scientifiquement et industriellement incompétents, le lobby du nucléaire a permis un blocage du développement des énergies renouvelables (ENR). L’éolien maritime a pris de nombreuses années de retard, l’éolien terrestre est bloqué par des politiciens irresponsables notamment en Eure -et-Loir, la filière photovoltaïque n’a jamais été réellement soutenu. La géothermie reste plus ou moins abandonnée alors que son ptentiel est important.

La clé de voûte de la transition énergétique, le passage du réseau de transport et de distribution en un smart-grid accueillant les diverses sources de production est balbutiant.

Ces politiques pour le retour à la bougie et aux couvertures

Ce lobby a trouvé des relais dans des politiciens incompétents ; des candidats à l’élection présidentielle ont même demandés de démonter les éoliennes (heureusement qu’on les a pour suppléer la faillite du nucléaire, et malheureusement il en manque). RN, LR, PC, Renaissance... ils ne jurent que par le nucléaire. Des maires euréliens ont relayé ces campagnes, au mépris de l’intérêt des habitants de notre département. La préfecture a adopté un plan anti ENR.

C’est l’union sacré pour aggraver la crise énergétique et ainsi nous ramener au temps de la bougie et des couvertures !

A fond sur les ENR, pour l’indépendance énergétique

La guerre en Ukraine a démontré que les centrales nucléaires (comme les infrastructures centralisées) sont des cibles de choix pour un agresseur. En mettant tous ces œufs dans le même panier (le nucléaire qui s’avère un panier percé) la France a fragilisé son indépendance stratégique : elle est à la merci du chantage d’un dictateur ou de terroristes.

Seul un réseau décentralisé, mêlant diverses sources d’énergies renouvelables, est à même d’assurer l’indépendance énergétique mais aussi stratégique et financière (cf. le déficit abyssal du commerce extérieur) de notre pays. De plus il permet d’assurer une visibilité sur les prix qui ne dépendront plus de la spéculation. Mais il faut du temps et la volonté politique pour le construire.

Que faire à court terme ?

Le gouvernement doit renoncer à sa vision ultra libérale qui nous a conduit dans une impasse. Il faut renationaliser EDF et ENGIE pour recréer deux entreprises publiques de l’énergie. Il ne faut pas revenir à EDF-GDF, mais gérer ces entreprises avec efficacité et leur donner une mission claire : la maîtrise des coûts et la transition énergétique et écologique au plus vite. Elles devront associer les producteurs indépendants à un tarif de rachat de l’électricité raisonnable.

Mais le meilleur KW est celui que l’on ne consomme pas. L’heure est aux économies d’énergie. De nombreuses communes ont compris qu’il faut limiter voire éteindre l’éclairage public (et surtout passer les lampadaires en LED seuls 37 % le sont en Eure-et-Loir). Les enseignes lumineuses s’éteignent. C’est bon pour la biodiversité et pour les finances des communes.

 

Nous pouvons surmonter cette crise énergétique et en faire une opportunité pour accélérer la transition écologique et ainsi lutter contre le dérèglement climatique. On sait faire il faut simplement des décideurs politiques qui agissent, à tous les niveaux.