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Terre pour Tous : le nouveau rapport au Club de Rome 

50 ans après le Rapport Meadow, le Club de Rome publie « Earth for All » (Terre pour Tous), un guide de survie pour l’humanité qui explore deux grands scénarios. Le statu-quo « trop peu trop tard » et le « pas de géant »., qui prédisait le dérèglement climatique et l'effrondemment de la biodiversité. 
Le rapport Meadow, rédigeait par les meilleurs experts mondiaux avait été étudié sérieusement par les décideurs politiques et économique, et mis sous le boisseau car contraire à leurs intérêts économique, financier et de pouvoir. Le résultat est la situation actuelle de notre pays et de notre planète. Qu'en sera-t-il de ce nouveau rapport ?


Ce nouveau rapport au Club de Rome affirme que l'avenir de l'humanité dépend de la réduction drastique des inégalités socio-économiques et d'une répartition équitable es richesses et du pouvoir. Commandé en 2020, il étudie les moyens à notre disposition afin que les sociétés humaines puissent garantir à leurs populations un niveau de bien-être décent à horizon 2100. Ce document est le fruit du travail conjoint d’une équipe de scientifiques, d’économistes et d’experts pluridisciplinaires.

Le rapport Meadows (1972) explorait les limites de la croissance, Terre pour Tous repense notre système économique, le capitalisme, dans le respect des limites planétaires. En ce sens il vise à sauver nos économies et la civilisation. Ses auteurs proposent pour cela une feuille de route détaillée accompagnée de deux scénarios possibles : « Trop peu, trop tard » ou « Le pas de géant »
Extrême pauvreté, crise des inégalités, révolution énergétique, industries qui nous font suffoquer, extinction de masse des espèces… un sursaut – collectif – est nécessaire. Mais lequel et comment s’y prendre ?
Les scénarios des limites à la croissance, par rapport aux données historiques fournies par l’indice de développement humain de l’ONU jusqu’en 2020, sont représentés en fonction des variables du bien-être humain selon quatre scénarios. 

« Trop peu trop tard » : un avenir sombre se prépare
Terre pour Tous souligne la nécessité de passer d’une société centrée sur « moi » à une axée sur « nous ». Le rapport remet en question l’hyper-individualisme du néolibéralisme et se concentrant sur le bien-être de tous. Mais loin d’être de belles phrases creuses à l’emporte-pièce, ces objectifs sont étayés par les analyses menées par les auteurs-experts depuis 2020. Sans la mise en place de mesures pour garantir à tous une bonne santé, un sentiment de bien-être et une qualité de vie décente, nous allons droit dans le mur.
La combinaison du réchauffement climatique et la multiplication des phénomènes extrêmes (températures, sécheresses, inondations, mégafeux…) avec le scénario du « Trop peu trop tard » (la trajectoire actuelle), les prévisions sont inquiétantes. Et ce dès la décennie 2030. « Les conséquences régionales dans les décennies à venir sont une pauvreté persistante dans la majeure partie du monde et des inégalités facteurs de déstabilisation dans le monde riche. […] Globalement, on observe une hausse spectaculaire de l’indication de tension sociale..."
Au-delà de 2050, avec la multiplication des déplacements de population, on assiste à une montée des extrémismes, déjà bien entamée. On observe aussi une recrudescence de la violence religieuse. Et l’arrivée au pouvoir de dirigeants populistes qui gouvernent par la peur et empirent la situation : c'est l'effrondremment de notre civilisation.


« Le pas de géant » : des décisions difficiles mais nécessaires… à prendre maintenant
Le rapport Terre pour Tous met en avant l’équité. Les inégalités en santé, par exemple, seront toujours présentes, mais ce qui compte, c’est si elles sont considérées comme tolérables. La situation actuelle des disparités entre riches et pauvres est considérée par beaucoup comme injuste. Cela fait partie des cinq changements de cap primor diaux soulignés par le rapport :
    → Mettre fin à la pauvreté
    →  S’attaquer aux inégalités flagrantes
    → Emanciper les femmes
    → Assainir notre système alimentaire au bénéfice de la santé humaine, animale et de celle des écosystèmes
    → Opérer une transition vers des énergies propres


Une Terre pour tous
La solution : la transition d’un capitalisme où le « gagnant rafle toute la mise » à une économie axée sur la protection des ressources communes. Ces ressources, vitales, sont l’eau, l’air, la nourriture, l’environnement, la biodiversité, etc. C’est ce que le rapport appelle l’économie transformationnelle du bien-être, ou Earth4all (Earth for All).


Une trajectoire avec des décisions de rupture pour le bien de tous
« Depuis 1990, nous disons qu’il faut abandonner progressivement l’économie fondée sur les énergies fossiles au profit d’une économie basée sur les énergies renouvelables. Et maintenant, nous y voilà – nous nous prenons le mur », explique Johan Rockström, le directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique (PIK) et co-auteur de Terre pour Tous.
L’heure n’est plus aux tergiversations mais à l’action. Le rapport estime que cela ne sera pas possible sans cinq mesures profondément transformatives de nos modes de vie :
     → Une pensée « cathédrale », sur le long terme et intergénérationnelle
     → L’adoption de nouveaux indicateurs économiques
     → Des marchés remodelés et un système financier mondial amélioré
     → La circularité et la régénération
     → De nouveaux modes de réflexion sur les droits de propriété, afin que chacun puisse bénéficier du patrimoine commun de l’humanité

Le Fonds citoyen, une redistribution d'une partie des richesses
Une redistribution plus équitable des richesses à tous les citoyens via le Fonds citoyen. Ceux qui extraient des richesses des ressources communes (biens communs productifs, naturels, intellectuels, sociaux) doivent payer des commissions qui alimentent un Fonds citoyen. Ce mécanisme corrige et contrecarre la dynamique injuste du jeu néolibéral, il ne la supprime pas. Il fournit des filets de sécurité essentiels aux citoyens pendant les périodes de transformation économique.


Une Terre pour Tous, un point de bascule vers le pire ou le meilleur ?
Le rapport propose également quinze recommandations politiques dans un appel à action des gouvernements. Et mentionne les avantages sociaux et économiques à réduire les inégalités. Des pays plus égalitaires tendent à avoir de meilleurs indicateurs de bien-être humain. De plus, l’équité économique peut engendrer des avantages tels que l’augmentation de la productivité. Ou encore la réduction des coûts associés aux problèmes de santé et sociaux. Et prévenir la montée des tensions sociales inhérentes au réchauffement climatique.

« Nous pensons que nous atteignons un point de bascule social dans toutes les sociétés. En effet, quatre forces – les mouvements sociaux, la nouvelle logique économique, le développement technologique et l’action politique – convergent d’ores et déjà pour pousser les sociétés à franchir un point de bascule.De telle sorte que nous entrions dans des cycles vertueux qui se renforcent mutuellement, un monde de Earth for All », peut-on lire dans le rapport. Reste encore à avoir ce courage de passer à l’action. Que ce soit au niveau des gouvernements, que de chacun d’entre nous. Mais ce rapport nous prouve que c’est faisable.


Tout comme le rapport Meadows (1972) ou les analyses du GIEC, ce rapport est rédigé par des experts et des scientifiques. Il décrit ce qui va se produire, à nous de prendre le bon chemin. On n'aura pas une deuxième chance.

Terre pour Tous (Earth for All), éditions Actes Sud (Questions de Société), 272 pages, 20€ (14,99€ en version numérique).