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Le débat sur la réforme des retraites s’est, comme prévu, terminé en queue de poisson : il n’y a pas eu de vote sur l’article 7, celui qui prolonge de 62 à 64 ans l’age de départ à la retraite. Ce qui arrange bien les députés de la majorité qui auraient été obligés de choisir entre leurs électeurs et le gouvernement ! Ils peuvent dire merci à qui ?


Un débat impossible


Le texte part au Sénat sans que l’Assemblée nationale ait pu ne serait-ce qu’approcher le cœur du débat : le report de l’âge légal de départ à 64 ans. Certes quelques points du projet initial ont été modifiés, pour favoriser un soutien des LR mais sur le fond rien n’a changé puisque le fond n’a pas été abordé.

La responsabilité de ce pataquès revient principalement à la NUPES entraînée par sa principale force LFI, qui en déposant des milliers d’amendements a bloqué le débat. Il est vrai que les autres membres de la NUPES ont joué le même jeu avant de retirer leurs amendements pour accélérer le débat (encore fallait-il ne pas en déposer autant et se concentrer sur une dizaine)  déclenchant pour le PC les foudres du caudillo suprème. En vain, puisque LFI (pour régler leurs problèmes internes de mauvaise gouvernance et de manque de démocratie, LFI a choisi l'outrance pour tenir ses élus) ont gardé les leurs.


Le soulagement du gouvernement et des LR


Le fameux article 7 est la clé de la réforme. 67 % des français n’en veulent pas, ils ne veulent pas d’un age de départ à 64 ans. L’ensemble des députés le savent, le gouvernement aussi, mais grâce à la NUPES/LFI ils n’ont pas eu à se prononcer sur ce point. Ouf ils vont pouvoir aller sur les marchés ce week-end sans avoir à affronter leurs électeurs. Merci à qui ?


Pas à Jacquie et Michel mais merci à Mélenchon qui dans un tweet déclare « Bravo aux députés Insoumis qui ont tenu bon jusqu’au bout. Nous sommes fiers d’être Insoumis, fiers de leur travail et résistance sans faille. Macron n’a pas eu ce qu’il voulait : le vote de l’Assemblée pour la retraite à 64 ans » . Mais Macron ne voulait pas du vote qui était incertain, tous les LR ne voulant pas se rallier à l’actuelle majorité parlementaire. Mélenchon a surtout servi Macron, en espérant, en bon Lambertiste (l'origine politique de Mélenchon, qui explique bien sa tactique actuel), souder la NUPES derrière lui en utilisant son aura et sa capacité de nuisance (si dissolution, les élus Nupes devront se rallier à lui, ce qui explique que même s'ils râlent ils sont prisonniers de celle alliance.... quand on veut diner avec le loup il faut une longue cuillère !).


Le mépris des Français


Loin du spectacle lamentable des députés, les Français s’opposent avec dignité, force et tranquillité au report de l’age légal de la retraite. C’est dans la France périphérique, celle des oubliés des politiciens et des technocrates, qu’ont lieu les plus importantes manifestations, jusqu’à 50 % des habitants dans certaines villes (y compris de belles mobilisations à Châteaudun ou Chartres dans notre région). La France profonde défend fièrement les acquis sociaux de notre république, et les écologistes soutiennent évidemment ce mouvement fédérateur.


Les Français méritent un débat de fond. Ni le gouvernement ni les oppositions n’en veulent les uns parce qu’ils n’ont pas de propositions crédibles (comme le RN qui espère bénéficier du tumulte pour gagner le pouvoir en appliquant la vieille tactique pas bouger, faire le mort et ramasser la mise), les autres (gouvernement et Nupes) parce qu’il démontrerait que l’on ne peut maintenir la retraite par répartition seule sans lui ajouter une autre modalité de financement (le privé au bénéfice de la finance pour la droite et le gouvernement ; l’impôt et une nouvelle taxation pour la gauche) ce qui est pourtant le seul moyen de résoudre le financement des retraites. Cette mutation indispensable ils la gardent dans leurs agendas cachés.


Préférer l’esbroufre au fond du dossier, c’est mépriser les français qui le feront payer, et malheureusement le plus probable c’est que l’abstention et le RN vont encore progresser. Merci à qui ?


Réussir le 7 mars et au-delà

L’intersyndicale unie à la confiance des français, au moins dans l’opposition à la réforme (pas forcement sur les solutions). Tous les syndicats voulaient un vote sur l’article 7. Laurent Berger a bien exprimé le sentiment général en dénonçant "le spectacle désolant donné par l'Assemblée nationale, au mépris des travailleurs."

 
C’est donc aux syndicats de représenter les forces sociales et de représenter les Français puisque les députés ont renoncé à le faire. Le gouvernement ne cédera que si le pays est bloqué plusieurs jours ou plusieurs semaines. Il est triste d’en arriver là parce que les parlementaires refusent de faire leur travail : représenter l’opinion dominante des citoyens et trouver des solutions opérationnelles et réalistes pour sauver le système français des retraites, un joyau de notre système social.

 

A la fin de cette séquence l'antiparlementarisme, qui est un cancer historique de notre système parlementaire, va encore grossir. Merci à qui ?