Le vert à moitié vide ? Le chef de l’État a présenté sa planification écologique pour accélérer la baisse des émissions nationales de gaz à effet de serre. Son plan est à ce stade bien trop succinct pour espérer une réelle transition, c’est au mieux une accélération vers cet objectif, toujours bonne à prendre.
La France a fort à faire pour arriver à diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport à 1990). De l’aveu même du chef de l’État, «il faut aller 2,5 fois plus vite, pour atteindre 5% de baisse par an»,
Après un Conseil de planification écologique le 25 septembre, le Président a annoncé quelques mesures inédites, comme un plan pour la production de pompes à chaleur, et précisé le calendrier de nombreux projets de l'exécutif.
Il fixe comme objectif de bâtir une écologie à la française, après avoir prôné dimanche 24 septembre une écologie de progrès. Le chef de l'Etat a revendiqué un projet "qui répond à un triple défi : celui du dérèglement climatique et de ses conséquences, celui d'un effondrement de notre biodiversité et celui de fin de l'abondance, de la rareté de nos ressources."
Emmanuel Macron a rappelé ou précisé de nombreux choix déjà annoncés, comme la sortie du charbon, repoussée à 2027, ou la production "sur le sol de France" d'un million de voitures électriques d'ici à 2027. Des mesures tournées vers l'objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, de 55% à l'horizon 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Ce qui implique qu'elles baissent de 5% par an, tous les ans, entre 2022 et 2030. Si la politique climatique du président est régulièrement jugée insuffisante, notamment par le Haut Conseil pour le climat dans son dernier rapport, le chef de l'Etat a défendu sa volonté de concilier une ambition climatique avec plus de souveraineté, avec une stratégie industrielle et avec la création d'emplois.
Une stratégie pour la protection de la biodiversité sera notamment présentée en octobre, et un plan sur l'adaptation est prévu pour décembre.
Il a aussi promis d'annoncer, en octobre, une reprise du "contrôle du prix de notre électricité" pour qu'il soit "soutenable à la fois pour nos entreprises et pour nos ménages", dans un contexte d'inflation. Il souhaite des tarifs "compatibles" avec les exigences de "compétitivité" et qui donnent "de la visibilité à la fois aux ménages et à nos industriels". Une stratégie de rénovation thermique des bâtiments dans le logement social doit aussi être lancée en octobre.
Les plans de décarbonation de 50 sites industriels prioritaires seront, eux, signés fin octobre, début novembre. Période pendant laquelle sera également lancé un débat public sur le déploiement de l'éolien en mer. Le dispositif de leasing à 100 euros par mois, cette offre de location de voitures électriques promise lors de sa campagne, sera révélé en novembre. "Ce ne sera, pour l'année 2024, que quelques dizaines de milliers de modèles", a précisé le président, pour laisser le temps à la filière française et européenne de monter en puissance face aux modèles chinois. Enfin, une "loi de production énergie" sera annoncée en décembre.
Des COP dans chaque régionale
"Nous voulons une écologie qui soit territorialisée", souhaite Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat veut s'inspirer du modèle des Conférences des parties (COP), qui réunissent des acteurs du monde entier tous les ans, pour le décliner en France au niveau local. Dès octobre, une Conférence des parties sera organisée dans chaque région, détaille le plan actualisé du Secrétariat général à la planification écologique. L'objectif de chacune des COP sera de définir régionalement les leviers d'actions permettant de s'inscrire dans les objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une enveloppe de 700 millions d'euros pour les 13 "RER métropolitains"
Quelques jours après des précisions données sur le financement de la transition écologique, Emmanuel Macron a ajouté que l'Etat allait abonder à hauteur de 700 millions d'euros la construction de 13 RER métropolitains.
Un million de pompes à chaleur produites en France d'ici à 2027
La France devrait produire un million de pompes à chaleur d'ici à la fin du quinquennat, a annoncé le Président, qui souhaite tripler le rythme de fabrication actuel. "Nous avons décidé (...) de développer une filière industrielle de production de pompes à chaleur", a-t-il précisé, les vantant comme "un formidable levier de substitution, beaucoup moins consommateur et émetteur" qu'un mode de chauffage classique. Un plan qui nécessite de former en parallèle 30 000 installateurs.
On ne peut que soutenir ces mesures qui vont dans le bon sens, en particulier pour construire les outils industriels de la transition, mais reste insuffisante tant que l’on ne s’attaque pas aux causes profondes : artificialisation des sols, transports énergivores, transition de l'agriculture vers un modèle soutenable, soutien réel aux ENR ... Tout cela demande un budget conséquent, notamment pour les territoires qui seront en première ligne.