Urbanisme : il est temps de pivoter de 180 degrés

édito du 16 septembre 2022

 

Dans la vie des entreprises comme des organisations, lorsque trop d'obstacles ou une impossibilité majeure empêchent la mission ou la poursuite des objectifs, il faut alors pivoter, c'est à dire changer de stratégie voire d'objectifs, ou disparaitre. Les plus agiles survivent, les autres meurent. C'est l'application d'une vieille loi de la nature, mise en évidence par Darwin : l'adaptation permanente à son environnement est la clé de la survie.

Il en est de même dans la vie publique, même si les rythmes y sont plus long. Assurez la survie de nos territoires, et le bien être de ses habitants, supposent aujourd'hui d'y lutter contre le dérèglement climatique et de savoir en protéger nos concitoyens. C'est la priorité n°1, celle de notre survie en tant qu'espèce mais aussi plus prosaïquement d'assurer l'adaptation de nos activités, de notre vie quotidienne à ce risque majeur. Les changements climatiques que nous avons mis en oeuvre depuis 150 ans par l'agriculture, l'industrialisation, l'utilisation massive des hydrocarbures et du charbon vont continuer voire s'aggraver.

Comme tout risque il présente aussi des opportunités : une vie plus saine, plus agréable, moins stressée, plus épanouie et pour ceux qui le peuvent plus sportive. Des produits locaux de meilleure qualité, des entreprises plus proches, moins de déplacements des biens, des marchandises et des personnes .... Le monde qui émerge est à la fois connecté et local. Les territoires qui veulent se développer et être au service de leurs habitants doivent prendre les bonnes décisions et adapter les règles à cette réalité que l'on a trop longtemps niée, alors que les alertes se multipliaient, mais qui nous a rattrapé : personne n'est plus fort que la nature

Pour les élus territoriaux l'urbanisme et les documents de planification sont parmi les outils à privilégier pour s'adapter et changer de méthode. Ils doivent eux aussi pivoter de 180 degrés ne plus considérer que l'avenir est la continuité du passé mais avoir une vision dynamique en s'adaptant au monde de 2100.

SRADDET, SCOT, PLUi doivent cesser l'artificialisation des sols (rénovation plutôt que lotissements ; réhabilitation des friches plutôt que nouvelles zones industrielles, ombrières photovoltaïques sur les parkings existants, ....) ; n'autoriser que des bâtiments à énergie positive ; adapter la voirie à l'évolution de la mobilité (des pistes cyclables de qualité plutôt que des autoroutes, ...) ; privilégier les ressources et acteurs locaux. Il faut dés à présent déprogrammer ou diminuer, les extensions de ZI et de ZAC qui vont devenir inutile : pas la peine de créer aujourd'hui les friches de demain.

Une attention particulière doit être portée aux zones à risque : les bords de rivière (les crues subites vont nettement augmenter en nombre et en volume), les zones d'écoulement des eaux, les poches d'argiles (gonflement/rétractation).

Pivoter de 180° c'est tout simplement s'adapter aux circonstances, pour sauver l'essentiel : notre vie, nous, nos enfants, nos petits enfants.