Pile au moment où l’été arrive, la France connaît sa première vague de chaleur de la saison. Des températures records sont enregistrées sur une large partie du pays atteignant jusqu’à 38°C. Un épisode particulièrement intense pour la période, selon les météorologistes, qui illustre la réalité du réchauffement climatique.
36° à Rennes, 35° à Montélimar, 38° à Bordeaux… Mais aussi en Bretagne (entre 34° et 36°) et en Eure et Loir mise en alerte Jaune dès vendredi 20 juin (jusqu’à 37° à Dreux). La France étouffe.
Sous une vague de chaleur exceptionnelle, des millions de personnes souffrent déjà dans leur logement ou au travail. Et comme toujours, ce sont les plus vulnérables qui trinquent le plus.
Des vagues de chaleurs de plus en plus fortes
Cette vague de chaleur, qui correspond à un épisode où les températures sont anormalement élevées pendant plusieurs jours, est la cinquantième à s’abattre sur la France depuis le début des relevés météorologiques, en 1947. Elle apparaît comme l’illustration d’une nouvelle réalité : « Les vagues de chaleur sont plus fréquentes, plus intenses et interviennent de façon de plus en plus précoce ou tardive », selon les climatologues qui poursuivent « Avant, on s’attendait à en vivre une à peu près une fois tous les cinq ans. Maintenant, il y en a une chaque année, voire plus. ».
La France connaissait en moyenne 1,7 jour de vague de chaleur par an avant 1989, puis huit par an entre 2000 et 2015. Depuis dix ans, elle en enregistre 9,4 chaque année. Et ça continue
Un lien avec le réchauffement climatique
Avec cette nouvelle vague de chaleur précoce, avec des niveaux remarquables pour un mois de juin, on s’inscrit ainsi pleinement dans la trajectoire actuelle du réchauffement climatique. Il y a une vingtaine d’années, ces conditions atmosphériques, banales à cette période de l’année, ne permettaient pas d’atteindre des températures allant jusqu’à 40°C. On assiste maintenant à un changement de dynamique lié au réchauffement climatique.
Les scientifiques le disent : le dérèglement climatique rend les phénomènes météorologiques extrêmes comme les canicules, les sécheresses mais aussi les inondations, plus fréquents et intenses.
Alors que les pays du monde entier peinent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et que l’espoir de maintenir le réchauffement planétaire sous la barre fatidique des +1,5 °C apparaît désormais nul, la France se prépare à une hausse du thermomètre jusqu’à 40°C en 2100. En ce cas, l’Hexagone connaîtrait alors dix fois plus de jours de vagues de chaleur en comparaison à la période de référence 1976-2005. « Elles s’étendraient de mai à octobre, avec davantage de nuits tropicales partout dans le pays », selon les experts. Et des thermomètres affichant 40°C, voire 50°C deviendraient chose courante. « Comme on connaît désormais des jours au-delà de 40°C, on dépassera les 50°C. La question n’est pas de savoir si, mais quand » affirment les climatologues.
Le corps face à la chaleur
La limite extrême au-delà de laquelle on ne peut plus survivre dépend de la température et de l’humidité : c’est 35-40°C dans des environnements très humides, entre 40 et 45°C à 50 % d’humidité et au-delà de 50°C dans des environnements très secs. Si cette limite est dépassée, il n’y a pas vraiment de solution si ce n’est de trouver un endroit où il fait plus frais !
Selon une étude publiée en 2022 par des chercheurs de l’université de Roehampton à Londres, le corps humain peut tolérer en toute sécurité une « température critique supérieure » qui se situe entre 40 et 50°C. Lorsque cette température est atteinte, notre corps subit un « stress thermique », provoquant des confusions, nausées, vertiges, maux de tête et évanouissements.
Toutefois, « chaque personne est différente » et la réaction à la chaleur varie considérablement en fonction de l’âge, du sexe et de l’état de santé, et au final du taux d’humidité. En effet, pour évacuer la chaleur, notre meilleur allié reste notre transpiration. Or, si l’air est chargé d’humidité, il pourra recevoir moins d’eau supplémentaire. Lorsqu’il fait humide, la transpiration a donc plus de mal à s’évaporer, empêchant le corps de se refroidir rapidement. Selon les cas, on peut même en mourir, mais cela est rare.
Techniquement, si le corps a trop chaud, « ses protéines commencent à se dénaturer – elles cessent de fonctionner, et les impulsions nerveuses ne fonctionnent plus aussi bien. Le système nerveux est moins efficace, et il fait partie intégrante de l’organisme. Cela commencerait à affecter le cœur, car il est un muscle en soi », selon un des auteurs de l’étude anglaise « Si cela génère une arythmie et que le cœur ne pompe pas le sang aussi efficacement dans le corps parce qu’il est désynchronisé, cela peut entraîner une baisse des niveaux d’oxygène », notamment au niveau du cerveau.
Combattre le réchauffement climatique et s’y adapter dépend des politiques publiques et donc de nos choix électoraux. A force de repousser les mesures indispensables on se rapproche du péril extrême : combattre ou périr, là est le choix final et il est politique, et c'est maintenant qu'il faut choisir et s'engager