On marche sur la tête !

édito du 9 décembre 2023 (mise à jour 13 décembre 2023)

La COP28, à Dubaï, se termine par un accord final appelant à une "transition" vers l'abandon des énergies fossiles "afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques", une première au bout de 28 COP. Reste à mettre en oeuvre cette transition tant souhaitée et indispensable au survie de l'humanité.

Dans ce contexte, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avait demandé à ses membres, par courrier, de rejeter tout accord ciblant les énergies fossiles.

Selon ce courrier, « Il semble que la pression excessive et disproportionnée exercée sur les combustibles fossiles pourrait atteindre un point de basculement aux conséquences irréversibles, car le projet de décision contient encore des dispositions sur l’élimination progressive des combustibles fossiles … Bien que les pays membres (de l’OPEP) prennent au sérieux le changement climatique il serait inacceptable que des campagnes aux motivations politiques mettent en danger la prospérité et l’avenir de nos peuples ».

La lettre est adressée aux treize membres de l’OPEP, dont les Emirats arabes unis, qui président cette année la conférence climatique des Nations unies, ainsi qu’à l’Arabie saoudite, en première ligne pour s’opposer à la sortie des énergies fossiles. La missive a aussi été envoyée aux dix pays associés à l’organisation, comme l’Azerbaïdjan, la Malaisie, le Mexique et la Russie, tous représentés à Dubaï.

La ministre de la transition écologique espagnole, Teresa Ribera, avait dénoncé, samedi 9 décembre, la position « répugnante » de l’OPEP. « Je pense que c’est une chose assez répugnante de la part des pays de l’OPEP de s’opposer à ce qu’on mette la barre là où elle doit être » sur le climat, a-t-elle déclaré à Dubaï.

La ministre de la transition énergétique française, Agnès Pannier-Runacher, à déclaré : « Les énergies fossiles sont responsables de plus de 75 % des émissions de CO2. (…) Il faut en sortir si on veut limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C, a-t-elle rappelé. La position de l’OPEP met en péril les pays les plus vulnérables et les populations les plus pauvres, qui sont les premières victimes de cette situation. »

Le monde marche sur la tête si on remet en cause la responsabilité des énergies fossiles dans le réchauffement climatique pour permettre aux membres de l’OPEP de s’enrichir en coulant la planète.

La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé mardi 5 décembre 2023 que le gouvernement renonce à l'augmentation de la taxe sur l'utilisation de pesticides et celle sur l'utilisation de l'eau pour l'irrigation, cédant ainsi aux pressions d'une partie du monde agricole.

C’est un signal donné à la FNSEA (et à sa campagne « On marche sur la tête » véritable hommage du vice à la vertu) et à l'agro-industrie pour que tout continue comme avant : pollution des eaux et de l’air pour s’enrichir sans aucun sens des responsabilités.

Le gouvernement se prive d'un outil important de régulation et d'un appui fort pour aller vers une transition des systèmes agro-écologiques et le respect de la biodiversité. C’est aussi une insulte aux agriculteurs qui sont engagés et qui démontrent tous les jours qu'il est possible de se passer de pesticides. Ceux sont eux, sans pesticides, qui protègent les milieux naturels et la santé des Français. C'est aussi une insulte aux français qui économisent l'eau en période de sécheresse, alors que d'autres la gaspille.

Pendant ce temps les syndicats de traitement des eaux, et d’assainissement, sont obligées d'investir des millions d'euros dans les systèmes de traitement des pesticides à la charge des contribuables. On marche sur la tête en faisant payer les conséquences de la pollution non aux pollueurs mais aux victimes.

Décidément cette fin d’année 2023, la plus chaude depuis l’ère industrielle, est celle du déni : les politiques marchent sur la tête en privilégiant l’accroissement la pollution et du dérèglement climatique.