La crise ukrainienne accélère la transition énergétique : le solaire et l’éolien gagnent du terrain et sont passés devant le gaz en 2022. L’Europe devient de plus en plus vertueuse dans sa production d’électricité.
Les énergies renouvelables prennent de plus en plus de place dans le mix énergétique européen. Selon le Bilan européen de l’électricité 2023 publié par le think tank Ember le 31 janvier 2023, l’éolien et le solaire ont pesé pour 22 % de la production d’électricité dans l’Union européenne (UE) en 2022, dépassant pour la première fois le gaz fossile (20 %). Le charbon est à l’origine de 16 % de l’électricité produite dans l’UE l’an passé, mais a augmenté de seulement 1,5 point l’an passé, conséquence de la guerre en Ukraine. Sa part devrait diminuer à partir de 2023.
Le rapport Ember met aussi en avant le recul net du nucléaire et de l’hydraulique en Europe en 2022, alors que cette production était relativement stable entre 2018 et 2021. L’an dernier, ces deux sources d’énergie ont pesé pour 32,04 % dans le mix énergétique, soit plus de 5 points de recul par rapport à 2021 (37,5 % du total). La sécheresse extrême de 2022 est en cause dans ce déficit de production qui a représenté 7 % de la consommation électrique européenne.
« L’Europe a évité le pire de la crise énergétique, a déclaré Dave Jones, responsable des informations sur les données chez Ember. Les chocs de 2022 n’ont provoqué qu’une légère ondulation dans l’énergie au charbon et une énorme vague de soutien aux énergies renouvelables. Toute crainte d’un rebond du charbon est désormais révolue. » Et le solaire et l’éolien n’y sont pas étrangers, ils ont permis d’éviter des coupures.
Le solaire en pointe
Selon Ember, c’est la production solaire qui a augmenté le plus rapidement, avec un record de 39 TWh (+24 %) en 2022, soit près du double de son précédent record, ce qui a permis d’éviter 10 milliards d’euros de coûts de gaz. Et c’est un effort relativement généralisé : 20 pays de l’UE, sur les 27, ont établi de nouveaux records solaires en 2022. Des indicateurs particulièrement intéressants qui montrent que l’Europe est sur la bonne voie pour se sevrer des énergies fossiles.
Une transition… qui devrait s’accélérer en 2023
Bien conscients des difficultés de l’Union européenne qui se retrouve dans la tourmente énergétique depuis que les relations avec la Russie, grand fournisseur d’énergies fossiles, les populations européennes ont diminué sur consommation d’électricité, la hausse des tarifs a aussi certainement joué. Le bilan est là : la demande d’électricité de l’UE a chuté de 7,9 % au dernier trimestre 2022 par rapport à la même période de l’année précédente (-56 TWh).
La météo a également joué dans ce recul car le temps doux en fin d’année n’a pas nécessité de chauffer les habitations comme les années précédentes.
Selon le Bilan européen de l’électricité 2023, cette bascule progressive vers les énergies renouvelables, le solaire et l’éolien en tête, devrait se poursuivre, voire s’accélérer cette année. Les dernières indications de l’industrie suggèrent qu’en 2023, la transition de l’Europe vers l’éolien et le solaire va s’intensifier en réponse à la crise de l’énergie et que l’hydraulique et le nucléaire français se redresseront. En conséquence, Ember estime que la production fossile pourrait chuter de 20 % en 2023, soit le double du précédent record de 2020 (marquée par la pandémie et un recul globale de la consommation énergétique). La production de charbon va reculer nettement, mais la production de gaz, qui devrait rester plus chère que le charbon jusqu’en 2025 au moins, chutera encore plus fortement.
« Non seulement les pays européens sont toujours déterminés à éliminer progressivement le charbon, mais ils s’efforcent désormais également d’éliminer progressivement le gaz, souligne Dave Jones. La crise énergétique a sans aucun doute accéléré la transition électrique de l’Europe. L’Europe se précipite vers une économie propre et électrifiée, et cela sera pleinement visible en 2023. Le changement arrive rapidement et tout le monde doit s’y préparer. »
Finalement la stratégie de Poutine se retourne contre lui. Non seulement l’Europe va diminuer l’utilisation du charbon et du gaz, mais aussi du pétrole par une substitution de ces énergies par l’électricité. Ainis en 2022 les véhicules électriques représentaient 12 % du marché, en forte hausse.
A noter que le débat franco-français sur le nucléaire apparaît complètement dépassé. Les ENR ont gagné le match et c’est tant mieux pour notre sécurité et pour la planète. Seuls les politiciens français ne le savent pas du PC au RN, l’arc politique n’a rien compris à l’énergie.