Près de 33 000 décès « attribuables à la chaleur » : ce que révèle une grande étude sur les neuf derniers étés

Pour la première fois, l’agence sanitaire Santé publique France a estimé la mortalité directement liée aux fortes chaleurs. Les jours de canicule ne représentent qu’un tiers du nombre de morts, et les personnes âgées ne sont pas les seules touchées.

Combien de morts à cause de la canicule ?

Près de 33 000 décès « attribuables à la chaleur » ont été recensés en France métropolitaine durant les neuf derniers étés (de 2014 à 2022 inclus), conclut une grande étude inédite de Santé publique France (agence gouvernementale), parue fin juin 2023. La saison estivale 2022, la deuxième la plus chaude jamais enregistrée, a été la plus mortelle durant cette dizaine d’années avec prés de 7 000 décès.

 
Et combien sur les routes ?

Selon les statistiques officielles disponibles sur 9 ans (2013-2021) la route a tuée 29 015 personnes soit moins que le dérèglement climatique. Il faudrait évidemment prendre en compte les séquelles des accidents mais aussi des pics de chaleur pour avoir une vision rigoureuse. Mais en première analyse les deux causes de mortalité sont équivalentes. Les investissements publics pour lutter contre ses causes ne le sont évidemment pas, loin de là.

 
Les statistiques sanitaires plus complètes sont disponibles

Jusqu’à présent, l’agence sanitaire communiquait chaque année une estimation du nombre de morts « en excès » durant l’été, et notamment pendant les périodes de canicule. Pour 2022, le décompte était supérieur à 10 000 décès (dont près de 3 000 durant les séquences les plus chaudes). Mais il s’agit alors de morts « toutes causes confondues », sans que l’on puisse en établir la véritable cause (chaleur, mais aussi événements imprévus tels que la pandémie de Covid, etc.). Cette fois-ci, et pour la première fois, Santé publique France a mené des analyses statistiques plus poussées afin d’estimer le nombre de morts directement liées à la chaleur.

 
Le résultat est, précisément, de 32 658 décès attribuables aux températures élevées durant les neuf derniers étés (entre près de 30 000 et 35 000 en prenant en compte les incertitudes statistiques). Derrière la saison estivale 2022 record, 2018, 2019 et 2020 dépassent elles aussi les 4 000 morts. La pandémie de Covid a pu accentuer le risque lié aux hausses de température (désorganisation du système de soins, organismes affaiblis, etc.), ainsi que la pollution de l’air liée aux feux de forêt, indique Santé publique France.


6 % des jours représentent 28 % des décès

Cette étude prouve que l’on peut mourir de chaud y compris en dehors des pics. Parmi les 33 000 décès recensés au total durant neuf étés, près d’un tiers seulement l’a été lors des phases de canicules, c’est-à-dire lorsque « la moyenne sur trois jours des températures minimales et maximales dépasse les seuils d’alerte ». Ces lignes rouges différent selon les départements et tournent autour de 35 °C pour les maximales et 20 °C pour les minimales.
« L’exposition de la population à la chaleur en dehors de ces périodes, associée à un risque plus faible mais plus fréquent, contribue davantage à l’impact total que les chaleurs extrêmes », selon l’agence Santé publique France. Autrement dit, on risque moins de mourir… mais durant une période estivale plus longue.

Les vigilances rouges pour canicule sont cependant capitales afin de sensibiliser la population : 6 % des jours d’été représentent 28 % des décès liés à la chaleur.


Il n’y a pas que les personnes âgées qui meurent

L’étude bat en brèche l’idée selon laquelle nos aînés seraient les seuls à souffrir des températures élevées (c'est vrai aussi pour le COVID). Près d’un tiers des personnes mortes à cause de la chaleur étaient âgées de moins de 75 ans ! « Le risque lié à la chaleur concerne l’ensemble des classes d’âge, d’où l’importance de sensibiliser l’ensemble des populations », insiste ledirecteur Santé, environnement et travail à Santé publique France.

Comme « la chaleur influence un grand nombre de causes de mortalité (cardiovasculaire, respiratoire, diabètes, suicides...), le recours aux soins et la santé périnatale », le nombre de décès qui y sont liés « ne représente qu’une partie de l’impact total » des températures très élevées, rappelle aussi l’agence sanitaire.

 
S’adapter car ça ne va pas s’améliorer

Les étés où le mercure monte aussi haut, voire plus haut, qu’en 2022 seront de plus en plus probables à l’avenir, en raison du réchauffement climatique. Santé publique France appelle ainsi les autorités à anticiper plusieurs défis qui pourraient advenir : « des températures très élevées tout l’été, avec des pics extrêmes, et un risque (de mourir) aggravé par une pandémie et probablement par la pollution de l’air générée par les incendies localement ».

 
Localement, communes, départements et régions doivent s’emparer de ce dossier qui concerne directement la vie de nos concitoyens. Il faut y consacrer les moyens nécessaires, en particulier en luttant contre les îlots de chaleur (liés à des décisions aberrantes comme la mode de la minéralisation des centre-urbain ou l’abatage des arbres en ville – cf les marronniers à Chartres ou les vergers à Epernon). Pour trouver l’argent nécessaire il faut le prendre, à budget égal, sur les  investissements routiers inutiles, comme l’A154, qui aggravent la situation sanitaire de notre département.