Ce mois de juillet 2023 devrait être le plus chaud jamais enregistré depuis plusieurs "centaines, si ce n'est milliers d'années", déplore un climatologue de l'agence spatiale américaine.
"Notre maison brûle et nous regardons ailleurs." Onze ans après la célèbre phrase prononcée par Jacques Chirac, les conséquences du réchauffement climatique continuent de se multiplier. Et ce mois-ci en est la triste preuve.
Déjà, la semaine du 3 au 9 juillet a déjà été la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial. Mais c'est tout le mois de juillet 2023 qui devrait être le plus chaud jamais enregistré depuis plusieurs "centaines, si ce n'est milliers d'années", a déploré le climatologue en chef de la Nasa, Gavin Schmidt, jeudi 20 juillet 2023.
"Nous assistons à des changements sans précédent partout dans le monde", a-t-il constaté lors d'une réunion au siège de la Nasa à Washington avec des experts du climat et des dirigeants de l'agence spatiale américaine.
Les estimations de l'agence américaine corroborent avec celles de Copernicus. L'observatoire européen a récemment prévenu que le mois de juillet allait être le plus chaud depuis le début des mesures.
Plus de 50°C en Chine, 42°C en France
Depuis le début de l'été, partout sur la planète, des catastrophes ont lieu et elles ont un lien avec le dérèglement climatique. En Chine, un record national a été battu dans la région chinoise du Xinjiang, avec 52,2 °C. Aux États-Unis, des inondations meurtrières frappent la Nouvelle-Angleterre et la vallée de la mort a dépassé ses records avec + 54°C. Des vagues de chaleur affectent les régions du sud et de l'ouest du pays. Sans parler des feux de forêt au Canada dont les fumées ont plongé New York dans un nuage jaune, et ont traversé l'Atlantique.
En France, le mois de juillet bat des records. Le thermomètre a dépassé mardi la barre symbolique des 40°C à Verdun en Ariège. Idem à Serralongue dans les Pyrénées-Orientales avec 40,4°C, à Tiranges en Haute-Loire avec 40,6°C, et à Puget-Théniers dans les Alpes-Maritimes avec 41,8°C, liste franceinfo. Même en altitude, le thermomètre s'est affolé : 29,5°C à L'Alpe d'Huez en Isère pourtant perché à 1 860 mètres d'altitude. L'Eure et Loir est, pour l'instant épargné, pouvant nous faire croire qu'on ne risque rien. Erreur.>
De L'impact des vagues de chaleur sur le corps humain
Si certaines personnes supportent plus ou moins bien la chaleur, il existe tout de même une limite de température à laquelle le corps humain commence à être stressé, selon des chercheurs. Des résultats qui rappellent que la lutte contre le réchauffement climatique est aussi une question sanitaire.
Une vague de chaleur fait transpirer abondamment les touristes et habitants du pourtour méditerranéen, en cette mi-juillet 2023 occasionnant de nombreux records de températures locaux.
Ces températures devraient être de plus en plus récurrentes avec le réchauffement climatique, sont littéralement trop hautes pour que le corps puisse fonctionner correctement, selon de nouvelles recherches. Le corps humain a en effet du mal à gérer la chaleur et doit travailler davantage pour rester au frais, à sa température naturelle de 37°C, à partir de 40°C.
Des chercheurs de l'Université de Roehampton en Angleterre ont mesuré divers paramètres de santé de 13 volontaires adultes, qui ont subi une heure de repos dans différentes conditions de température et d'humidité, allant de 28°C à 50°C. L'équipe a surveillé la température interne et celle de la peau des participants, mais aussi leur tension artérielle, leur fréquence cardiaque et leur fréquence respiratoire. Ces données ont permis aux scientifiques d'avoir un aperçu global de l'état de leur métabolisme, et de la quantité d'énergie nécessaire pour le faire fonctionner, ont-ils expliqué lors de la présentation de leur étude à la conférence annuelle de la "Society for Experimental Biology" à Édimbourg, en Écosse.
L'humidité, un facteur aggravant
Lorsque le "taux métabolique" s'emballe, c'est que les participants ont besoin par exemple de respirer plus fort, et d'augmenter leur fréquence cardiaque. Ils ont constaté que le taux métabolique des participants augmentait à partir de 40°C, en particulier lorsque cette température était combinée à une humidité élevée. "Nous construisons petit à petit un aperçu de la façon dont le corps réagit au stress thermique, de sa capacité d'adaptation, des limites de ces adaptations et, surtout, de la diversité des réponses entre les individus, explique à Sky News Lewis Halsey, professeur de sciences de la vie et de la santé à l'Université de Roehampton. Dans un monde qui se réchauffe, cette connaissance devient de plus en plus précieuse." Face à l'urgence du dérèglement climatique, les scientifiques mènent des recherches pour savoir en quelle mesure nous pouvons nous adapter à des températures de plus en plus extrêmes !
Vagues de chaleur : des conséquences sur la santé longtemps sous-estimées.
* En France, la canicule 2003 a confirmé ou révélé plusieurs choses fondamentales.
La première est que la chaleur tue et peut le faire de façon conséquente – ce facteur « environnemental » n’était pas vraiment dans le radar des autorités sanitaires et environnementales. Aucune agence sanitaire ou service de l’État en lien avec la santé n’était alors, en France, réellement chargée de « surveiller » la survenue d’une canicule. Il n’y avait pas de coordination mise en place entre Météo France et une agence sanitaire, situation qui a depuis changé.
La deuxième est que la canicule ne touche pas que les sujets très fragiles et déjà hospitalisés, au contraire. Les trois quarts des décès ont eu lieu au domicile, pas à l’hôpital, probablement du fait que les sujets déjà hospitalisés étaient bien surveillés et hydratés par le personnel médical. La lutte contre la canicule est, dans notre pays, un problème de prévention – tant qu’on ne fragilise pas le système de soins. La situation suit la même logique chez les personnes vivant en maison de retraite : l’effet de la canicule avait été plus marqué chez les personnes en bonne santé que chez celles qui avaient une moins bonne santé avant le début de la canicule.
Troisième leçon : les autorités ne sont, alors, pas capables de suivre la mortalité de la population en temps réel. Ce sont les services des urgences, la police, les pompiers, les services funéraires, qui tirent la sonnette d’alarme, avec des estimations parcellaires et souvent, logiquement, loin de la réalité. La situation est différente au Royaume-Uni où, depuis le XVIIe siècle, les données de mortalité sont disponibles dans un délai inférieur à moins d’une semaine. Une douzaine d’années plus tard, la France n’a pas encore les moyens de suivre de façon exhaustive à l’échelle du territoire les décès en temps réel ou avec un décalage de l’ordre de la semaine ; le projet de certificat de décès électronique pourrait permettre d’améliorer la situation.
Face à la météo, toutes les populations ne sont pas égales.
L’optimum thermique (généralement situé entre 15 et 25 °C), et donc les seuils à partir desquels le risque de décès augmente, varie selon les populations : les populations du sud de l’Europe, ainsi, sont plus sensibles aux effets du froid que celle du Nord, et celles du nord à la chaleur. Cela s’explique probablement par une adaptation de chaque population au climat local, passant par des modes de vie plus ou moins efficaces dans la protection contre le chaud ou le froid, en termes de chauffage, d’isolation, de protection contre le soleil, de solidarité…
Cela ne veut pas dire qu’on peut résister à tout. Quand on décrit l’influence de la température sur la mortalité en fonction de la distribution des températures dans chaque ville, on se rend compte que les habitants des villes américaines et de pays comme l’Australie commencent à souffrir (en termes de mortalité) de la chaleur quand celle-ci atteint les 10 % de températures les plus chaudes. En Espagne, en revanche, le risque de mortalité augmente bien plus tôt, dès que la température médiane (celle observée ou dépassée la moitié des jours estivaux) est atteinte. En outre, l’effet de la température sur la mortalité est modifié par l’humidité, qui a tendance à l’amplifier.
Les effets de la température sur la santé.
Les mécanismes par lesquels la température influence la santé sont d’une part des effets biologiques sur l’organisme, d’autre part des effets sur l’environnement et enfin sur les comportements.
Les effets biologiques plus directs concernent les systèmes cardiaque, respiratoire, endocrinien, immunitaire, nerveux. Des effets des facteurs météorologiques sur les issues de grossesse sont aussi plausibles. On sait notamment qu’une pression atmosphérique faible est un facteur de risque de petit poids de naissance ; cela est connu depuis longtemps, à la suite de la constatation que les enfants nés dans l’État du Colorado (dont une grande partie est en altitude, donc à une pression atmosphérique plus basse qu’au niveau de la mer) ont plus souvent un petit poids de naissance. Un effet des paramètres météorologiques, et en particulier de la température, sur le risque de naissance prématurée, a aussi été suggéré récemment.
Contrairement à la lutte contre la pollution de l’air, dans laquelle améliorer la qualité de l’environnement est difficilement contournable, on peut limiter une grande partie des effets de la température sur la santé en se contentant de protéger l’organisme, sans forcément toucher à l’environnement. Dans le cas de la lutte contre la canicule, rafraîchir le corps quelques heures par jour suffit à atténuer une grande partie des effets sanitaires. Les mesures de prévention préconisées vont en ce sens (s’hydrater, limiter l’exercice physique, sortir peu aux heures les plus chaudes).
Au final le réchauffement climatique entraîne une baisse de l'espérance de vie pour les générations futures. Nos enfants et petits enfants mourront plus tôt et en souffriront à divers moment de leur vie.
Ou sont les mesures collectives ?
Il est frappant de constater que, dans notre pays au moins, l’essentiel de ces mesures correspond à des préconisations individuelles ; il n’y a apparemment pas, aujourd’hui, de mesures destinées aux collectivités territoriales. Or celles-ci ont de nombreux leviers dans leurs mains : ouvrir les piscines de façon prolongée et à moindre coût, arroser les rues, rendre les lieux climatisés plus accessibles… De telles mesures sont complémentaires aux préconisations individuelles.
Certaines villes ont commencé à se doter de “plans canicule” (comme Grenoble), au-delà du Plan national canicule. Ces mesures semblent très majoritairement axées sur la prévention à court terme, alors que des actions à plus long terme pourraient aussi être utiles pour rendre nos sociétés plus résilientes aux vagues de chaleur : végétaliser davantage les villes et augmenter la réflexion des sols et toits, font partie des solutions mises en œuvre à l’étranger, et fournir aux collectivités un point complet sur la palette, l’efficacité et le coût des différentes options qui s’offrent à elles serait important. Le rôle des élus locaux est primordial.
S’adapter au changement climatique ?
Le changement climatique est susceptible d’entraîner une augmentation de la fréquence de tels événements climatiques extrêmes (vagues de chaud ou froid, tempêtes). Une tendance de la population française à mieux supporter les vagues de chaleur, depuis 2003, a été constatée. Cette adaptation s’explique probablement par des modifications des comportements vis-à-vis des personnes âgées et par d’autres changements dans notre société, plutôt que par des processus physiologiques. Elle ne signifie pas que les sociétés sont ou seront capables de compenser intégralement les effets du changement climatique passant par une augmentation de la fréquence des canicules ; surtout, il est très probable qu’elles ne le pourront pas toutes.
La climatisation ne sera pas la solution. La généralisation de la climatisation, en intérieure et dans les véhicules particuliers, y compris sur de courtes distances favorise le réchauffement climatique : les climatiseurs consomment de l’énergie (dont la production est source de gaz à effet de serre), et ont longtemps émis des gaz de la famille des CFC, qui sont des milliers de fois plus puissants que le dioxyde de carbone en termes de contribution à l’effet de serre, en plus d’endommager la couche d’ozone.
Les CFC ont été bannis des climatiseurs américains au milieu des années 1990, mais un grand nombre de ceux produits jusqu’en 2010 utilisent encore des gaz de la famille des HCFC, qui sont aussi de forts contributeurs à l’effet de serre.
L'enfer prévu pour 2100
Météo France a publié une carte des recors de température prévisibles en 2100 sin on ne fait rien et laissons la vie continuer comme avant. C'est clairement l'enfer. Est-ce vraiment ce que nous voulons pour nos descendants ?
Une seule soution logique et raisonnable : agir tout de suite sur les trois principales composantes du réchauffement climatique : les transports, l'agriculture et le logement. En parallèle il faut adapter nos communes, cesser cette stupide minéralisation des centres-villes, cesser l'artificialisation des soles et reconquérir les friches, stopper les projets autoroutier et relocaliser les industries.
Le programme est connu. On s'y met ?