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Le président de la Cop28 a été contraint de s’expliquer après une sortie controversée sur les énergies fossiles, semblant remettre en cause les conclusions du Giec. Alors que dit vraiment le groupe scientifique sur les énergies fossiles ? 

« Nous sommes ici parce que nous croyons et nous respectons la science », a assuré lundi 4 décembre 2023 le président controversé de la Cop28, Sultan Ahmed Al Jaber, poussé de s’expliquer après la publication d’une vidéo, révélée par « The Guardian » dimanche. Dans cet échange vidéo avec l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson, aujourd’hui présidente du groupe des Sages (de hauts responsables, militants pour la paix et défenseurs des droits humains), Sultan Ahmed Al Jaber a semblé remettre en question la nécessité de sortir des énergies fossiles pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Tout en reconnaissant que la réduction et la sortie des énergies fossiles étaient « inévitables », Sultan Al Jaber a toutefois déclaré : « Aucune étude scientifique, aucun scénario, ne dit que la sortie des énergies fossiles nous permettra d’atteindre 1,5 °C » !

Des propos polémiques qui ont forcé celui qui est aussi à la tête de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc à répéter lundi qu’il « respectait la science », alors que les scientifiques sont unanimes pour démontrer la nécessité de réduire les énergies fossiles, responsables de deux tiers des émissions actuelles.

Le GIEC et la sortie des énergies fossiles

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) publie des synthèses de l’état des connaissances scientifiques actuelles sur le changement climatique. Prudent, il n’émet pas de recommandations, ni d’interdictions sur les extractions fossiles par exemple. Toutefois, en présentant les faits scientifiques accablants, le Giec n’en souffle pas moins les conclusions à en tirer. Ainsi, les scientifiques expliquent que pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, les émissions mondiales de gaz à effet doivent être réduites de 43 % entre 2019 et 2030. D’ici à 2050, la baisse doit être de 84 %.

Le Giec établit clairement que le réchauffement climatique est « sans équivoque » lié aux activités humaines. Or, environ 75 % des émissions actuelles de CO2 liées à l’homme proviennent des combustions fossiles.

Les énergies fossiles – charbon, pétrole et gaz – sont les principales responsables du changement climatique. Utilisées principalement dans les bâtiments, le transport, et l’industrie, ces énergies fossiles émettent du CO2 lors de la combustion. Elles représentent environ 80 % de l’énergie consommée dans le monde.

L’utilisation des combustibles fossiles se poursuit et va entraîner un nouveau record d’émissions mondiales de CO₂ en 2023, rapporte ce mardi le nouveau rapport du Global Carbon Project. Un record d’émissions qui s’explique par la poursuite de la hausse de la consommation de toutes les sources de dioxyde de carbone fossile.

L’impact des énergies fossiles sur le budget carbone

Le Giec indique que les émissions prévues de CO2 provenant des infrastructures de combustions fossiles déjà existantes (centrales à charbon, exploitations pétrolières…) dépassent déjà le budget carbone restant pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C (degré de confiance élevé). Le budget carbone, désigne la quantité de CO2 qui pourrait encore être émise tout en maintenant le réchauffement au-dessous d’un niveau de température donné. Ainsi, pour limiter le réchauffement à 1,5 °C à horizon 2100, ce budget carbone est estimé à 510 GtCO2 (gigatonnes de CO2).

Le Giec rapporte que les émissions de CO2 liées aux infrastructures fossiles qui existent actuellement devraient produire 660 GtCO2 durant leur durée de vie, un chiffre qui s’élève à 850 GtCO2 en prenant en compte les émissions prévues provenant des infrastructures en projet. Ces émissions correspondent environ au budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 2 °C (890 GtC02).

Par ailleurs, outre le Giec, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait pris un tournant historique en appelant en 2021 à cesser tout investissement dans des nouveaux projets de production d’énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Les scientifiques du Giec montrent également que la suppression des investissements dans le charbon, le pétrole et le gaz pourrait « réduire les émissions mondiales de CO2 de 1 à 4 % », et les émissions de GES « jusqu’à 10 % d’ici à 2030 ».

Selon le groupe d’experts, pour ne pas dépasser un réchauffement de 1,5 °C, l’utilisation du charbon doit être réduite de 95 % dans le monde entier, celle de pétrole de 60 % et celle du gaz de 45 % d’ici à 2050.

Ce n'est pas gagné

L’année prochaine, le monde consommera 104,36 millions de barils de pétrole en moyenne par jour, contre 102,11 en 2023. La demande dans les pays de l’OCDE ne devrait pas dépasser celle de 2019 et ne croître que légèrement sur un an en 2024 à 46,1 millions de barils par jour, tandis que la demande des pays non-membres de l’OCDE devrait progresser de 2 millions de barils à 58,3 millions en moyenne. On est encore loin de la transition vers la sortie des énergies fossiles !