Le dérèglement climatique entraîne une augmentation du niveau de la mer. Le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement a produit un inventaire des bâtiments, maisons, immeubles exposés au recul du trait de côte en 2028, 2050 et 2100. Plusieurs centaines de milliers de bâtiments seront potentiellement touchés d'ici 2100.

En France, certaines zones côtières vont vite devenir inhabitables face à la progression des océans, conséquence du réchauffement climatique : fonte des glaciers et de la banquise, augmentation du volume d'eau de mer. La France est particulièrement vulnérable au recul du trait de côte, limite entre la terre et la mer, qui se déplace sous l'effet de phénomènes naturels (houle, vent), de la hausse du niveau de la mer, et des interventions humaines.

Le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement a identifié où se situent  les risques. Ainsi, en 2028, 1.046 bâtiments sont identifiés comme exposés au recul du trait de côte. La Côte d'Azur est particulièrement touchée par le phénomène. Une des explications, précise le Cerema est que les habitations ont été construites très / trop près de la mer.

A cette échéance, le Cerema a recensé les bâtiments situés à proximité immédiate du trait de côte et potentiellement exposés à un "recul évènementiel": recul marqué lors de tempêtes, d’éboulements, etc. C’est un scénario probable: s’il ne signifie pas que tous les bâtiments partiront à la mer, ces bâtiments sont proches de zones en recul ou instables.

A l’échéance 2050, 5.208 logements, dont près de 2.000 en résidence secondaire seraient menacés.

"Il est à noter que les résidences principales occupées par leur propriétaire (1 246 logements) ne représentent que 24 % des logements atteints par le scénario 2050", précise l'étude.
Les départements les plus touchés seront la Corse, le Var, la Vendée et la Manche. "Il s'agit d'un scénario intégrant la poursuite tendancielle du recul du trait de côte et reposant sur le maintien en place et l’entretien de tous les ouvrages de protection du littoral: c’est un scénario objectif et vraisemblable", précise le ministère de la Transition écologique.

2100 : le scénario des 450 000 logements
Le niveau de la mer continuant à augmenter, dans le scénario 2100 le nombre de logements potentiellement atteints est logiquement plus élevé à cet horizon et atteindrait près de 450.000.

"A cette échéance, le Cerema se base sur une estimation haute du GIEC et retient une hausse possible de 1m du niveau des mers et des océans. Le phénomène ne cesse d’augmenter depuis le début du 20e siècle et ce phénomène devrait s’accélérer", explique le ministère de la Transition écologique.
Attention, précise l'étude, "le scénario 2100 illustre les possibles conséquences de l’inaction face aux effets du changement climatique" avec une "disparition complète des ouvrages de protection" et une "inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral". Évidemment donc, en cas d'action du gouvernement et des maires, les résultats peuvent encore changer.

Sébastien Dupray, directeur "risques, eaux, mer" du Cerema, rappelle : "Il n'y a pas de solution nationale qu'on pourra plaquer partout sur le territoire parce que les côtes de Camargue sont basses et sableuses, tandis que les côtes normandes sont hautes avec des falaises en craie". Et il a ajouté: "le tout digue n'est pas la réponse".


Les récentes inondations dans le nord de la France (ou certaines habitations ont été inondées plusieurs fois en moins de 6 mois), mais aussi dans d'autres régions, montrent qu'il va falloir également identifiés et traiter des centaines de milliers d'habitations, qui deviennent inassurables et invendables. On retrouve les mêmes raisons que dans les logements du bord de mer : permis de construire délivrés en masse, sans tenir compte du dérèglement climatique - connu depuis 1972 ; déni face au défi climatique ; manque d'anticipation ... C'est tout le système de l'urbanisme qu'il faut changer pour l'adapter à la réalité.