L'actualité, début mai 2024, pour de nombreuses régions du monde c'est des pluies diluviennes meurtrières et une chaleur écrasante. Ces événements s’expliquent en grande partie par le réchauffement climatique causé par nos sociétés.
* L'Afrique de l'Est est touchée : 188 décès au Kenya, 155 en Tanzanie, 28 000 foyers déplacés en République démocratique du Congo, 2 000 au Burundi...
* Au Brésil, notamment l’État du Rio Grande do Sul 29 morts et 60 personnes sont portées disparues.
* Mi-avril, des précipitations extrêmes ont frappé plusieurs pays du Golfe, tuant vingt-et-une personnes à Oman et inondant complètement Dubaï, ville qui n'a pas d'évacuation pour les eaux pluviales ! Les Émirats arabes unis ont enregistré des niveaux de pluie jamais atteints en soixante-quinze ans de relevés météorologiques.
L'Asie cumule précipitations et chaleur extrême
L'Asie est aussi frappée, notamment en Chine, où des pluies diluviennes ont frappé la province du Guangdong provoquant l’effondrement d'une autoroute (au moins 48 morts). Elles ont aussi entraîné des dizaines de milliers d’évacuations. De plus un pic de chaleur frappe actuellement l’Asie. Face à des températures ressenties difficilement supportables dépassant les 50 °C, les gouvernements s’adaptent et proposent à leur population des mesures de "confinement climatique".
Avec un très fort taux d’humidité et des températures avoisinant les 45 °C au Vietnam, en Thaïlande, au Bangladesh ou encore à Hongkong, les autorités n’ont pas d’autre choix que celui d’imposer des mesures drastiques à la population. De nombreuses écoles ont ainsi été fermées d’autorité et les salariés ont été invités à rester chez eux, pour s’exposer au minimum d’effort et ne pas avoir à sortir, dans la fournaise extérieure. On parle alors de "confinement climatique", une mesure d’urgence, qui n’est pas nouvelle, mais qui pourrait, malheureusement être amenée à se répéter dans certaines régions du monde, particulièrement exposées au réchauffement climatique.
Le diagnostic est clair : les événements climatiques extrêmes sont liés au changement climatique
Pour les chercheurs il ne fait aucun doute que ces événements climatiques extrêmes sont liés au changement climatique causé par nos sociétés. Principale cause, une élévation de la température des océans qui entraîne un surcroît d’évaporation, une augmentation du taux d’humidité dans l’atmosphère et, en bout de chaîne, des pluies plus abondantes. 1 °C supplémentaire se traduit par une augmentation de 7 % de l’humidité atmosphérique, donc des précipitations plus fortes.
Inégalités face aux risques
Les personnes mortes lors de ces récents épisodes d’inondations sont des victimes du changement climatique, mais d’autres éléments sont à prendre en considération : si les pluies et les inondations font autant de dégâts, c’est parce que des populations vivent dans les endroits inondés (cf. les inondations à répétition dans le nord de la France cet hiver).
Le changement climatique rend les phénomènes météorologiques plus intenses ce qui produit des dommages dans des endroits qui n’étaient pas identifiés, et prend de court des personnes qui ne se pensaient pas exposées.
Comment réagit l'opinion publique mondiale ?
Alors que des voix s’élèvent dans de nombreux pays pour appeler à une pause écologique (cf. le gouvernement français ou la liste en tête des sondages pour les européennes), la 2ème édition du baromètre de la transformation écologique Veolia / Elabe (enquête réalisée lors du dernier trimestre 2023 dans 26 pays) révèle une opinion publique mondiale majoritairement convaincue que l’inaction coûtera plus cher à l’humanité que les investissements nécessaires à la transition écologique. Les populations redoutent une dégradation de leurs conditions de vie et craignent de tomber malade à cause des pollutions.
Les principaux points à retenir de cette vaste enquête sont :
1 La tentation du fatalisme écologique grandit, l’imaginaire écologique est en panne
- 35% (+3 en 18 mois) ont un doute sur la possibilité de limiter le dérèglement climatique et les pollutions. 55% pensent que l’avenir est encore entre nos mains, en recul de 4 points.
- 62% (+2) ont du mal à imaginer à quoi pourrait ressembler la vie quotidienne après la transformation écologique.
2 Mais la certitude que l’inaction écologique coûtera plus cher que l’action est partagée
- 66% pensent que les coûts des conséquences du dérèglement climatique et des pollutions vont être plus importants que les investissements nécessaires à la transformation écologique.
3 Ne rien faire, c’est être exposé à la plus grande menace sanitaire
- Pour 75%, « le changement climatique est la plus grande menace sanitaire à laquelle l’humanité est confrontée »
- 71% se sentent vulnérables et exposés à des conditions de vie de plus en plus rudes
- 66% craignent de tomber malade à cause des pollutions, 58% d’avoir des Problèmes de santé mentale.
4 Pour donner envie d’écologie, l’opinion demande des résultats concrets, pour protéger la santé et sécuriser l’accès aux services essentiels
- Ce qui donnerait vraiment envie aux citoyens de changer leurs habitudes et accepter des surcoûts ? Que les solutions écologiques leur permettent de protéger ou améliorer leur SANTÉ et celle de leurs proches (67%).
Agir sur nos territoires
Dans nos territoires il est possible d'agir (cf. le projet Eure&Loir 2036) en commençant par réviser les Plans d'Exposition aux Risques, en tenant compte du dérèglement climatique dans les Plans Locaux d'Urbanisme – PLUi.
On ne peut pas rattraper 50 ans d'inaction climatique, mais on peut éviter que le dérèglement s'aggrave et protéger nos concitoyens (d'où l'importance de maintenir le cap sur le ZAN – Zéro Artificialisation des Sols). Pour cela il faut une mobilisation citoyenne transpartisane pour faire bouger les lignes et élire des politiques qui priorisent la lutte contre le changement climatique dans toutes les actions publiques.