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La hausse des températures et les phénomènes météorologiques extrêmes ont un impact global sur l'agriculture, et par conséquent sur l'inflation des produits alimentaires. L'augmentation des températures moyennes pourrait entraîner une hausse de l'inflation alimentaire annuelle de 3,2 % et de l'inflation globale de 1,18 % d'ici à 2035, selon une nouvelle étude de l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact climatique (PIK).

Une idée erronée devient un dogme

Le retour de la guerre en Europe et l’augmentation de l’inflation qui s’en est suivie ont amené la Commission européenne et des Etats membres, dont la France, a freiné puis diminuer les mesures écologiques nécessaires à la lutte contre le dérèglement climatique.

La crainte est de voir le maintien - ou le renforcement des normes environnementales - accroître l'inflation a joué un rôle dans le détricotage du pacte vert européen, les décideurs ayant une vue court-termiste et un biais économique erronée. L'idée de base : toute contrainte sur l’industrie et sur l’agriculture induit des coûts d’adaptation et de transformation. C'est une idée erronée : au contraire toute contrainte – si elle est bien pilotée - est une opportunité d'évolution, d'innovation et d'amélioration des processus, c'est le fondement de la compétitivité par l'innovation que prône la Commission dans le numérique et d'autres secteurs.

Les statistiques démontrent le lien antre dérèglement et inflation

Une étude récente publiée dans Communications Earth & Environment et conduite par des chercheurs de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (PIK) et deux économistes de la Banque centrale européenne (BCE) a analysé les fluctuations, enregistrées entre 1996 et 2021, de 27 000 prix à la consommation dans plus de 120 pays et les ont croisées avec les données climatiques.

"En examinant plus de 27 000 observations issues de données historiques, nous avons constaté que l'augmentation des températures a tendance à faire grimper les prix des denrées alimentaires, en particulier dans les régions et les saisons chaudes", affirme le Dr Max Kotz, l'un des auteurs de l'étude. Il poursuit "Dans les conditions climatiques futures, ces impacts pourraient devenir importants, environ 1 à 3 points de pourcentage par an sur l'inflation alimentaire d'ici 2035, menaçant les mandats de stabilité des prix des banques centrales telles que la BCE, qui vise à maintenir l'inflation en dessous de 2 %".

Cet impact est du à la difficulté à maintenir une offre de matières premières agricoles dans des conditions météorologiques rendues de plus en plus défavorables. Les liens entre les prix et les manifestations du réchauffement qu’ils mettent au jour indiquent que la dégradation de l’environnement devient une force inflationniste, les consommateurs s'en aperçoivent tous les jours.

Tous les pays ne sont pas touchés de la même manière

La hausse et l'instabilité des prix menacent le bien-être économique et humain ainsi que la stabilité politique, note le rapport, citant que la crise du coût de la vie de 2021-2022 a fait basculer 71 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté à travers le monde, selon les Nations unies.

L'inflation alimentaire et l'inflation globale devraient être affectées par le réchauffement climatique dans les pays à revenu élevé comme dans les pays plus pauvres. L'inflation augmente avec la hausse des températures, surtout en été et dans les régions chaudes des basses latitudes, où elle persiste tout au long de l'année. C'est pourquoi les pays du Sud, en particulier l'Afrique et l'Amérique du Sud, seront les plus touchés, selon l'étude.

Dans l'hémisphère Nord cette l'inflation est plus saisonnière, atteignant un pic en été. Selon le rapport, une augmentation d'un degré Celsius de la température mensuelle moyenne a un impact sur les prix pendant un an, tout comme un excès de pluie, mais les impacts sur les prix ne sont que de courte durée lorsqu'ils proviennent d'un excès de sécheresse. Ainsi lors de l'été européen extrêmement chaud de 2022, la chaleur et la sécheresse ont eu un impact considérable sur l'agriculture et l'économie. "Nous estimons que l'extrême chaleur de l'été 2022 a augmenté l'inflation des denrées alimentaires en Europe d'environ 0,6 %. Le réchauffement futur prévu pour 2035 pourrait amplifier l'impact de ces extrêmes jusqu'à 50 %", ajoute Max Kotz.

Même du point de vue d'un économiste climato-sceptique, il ne faut pas freiner les normes environnementales pour maintenir un contexte inflationniste inférieur à 2% par an  et par là maintenir le pouvoir d'achat de toute la population !