Le Réseau Action Climat publie jeudi 19 septembre son rapport sur la hausse des températures et prévoit une augmentation de +4°C d'ici 2100. L'impact sur certains sites emblématiques a été mesuré, il passe en revue, région par région, les conséquences actuelles et futures du climat.
Le Réseau action climat (RAC) dresse, avec l’appui de l’Agence de la transition écologique (Ademe), un panorama de la France face au changement. Le Réseau fédère 27 associations, il appelle à accorder les moyens financiers et humains nécessaires pour mener la transition.
Canicule ou pluie diluvienne, sécheresse, incendies ou inondations comme celles, meurtrières, causées par la tempête Boris en Europe centrale… Des glaciers d’Auvergne Rhône-Alpes aux plaines du centre Val de Loire et des Hauts-de-France… Toutes ces régions ont un point commun. Elles seront touchées par les conséquences du réchauffement climatique, mais pas forcément de la même manière.
Le rapport étudie la situation, sans politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre avec un climat 4 °C plus chaud (ce qui serait le résultat de l'inaction climatique des gouvernements successifs depuis plus de 50 ans). Cette synthèse des travaux scientifiques « montre que le changement climatique n’est pas loin de nous, ni dans l’espace ni dans le temps. Cela ne concerne pas des régions reculées ni les générations futures. C’est ici, maintenant », résume Clara Sanicolo, responsable climat du Réseau. Il expose également « la vulnérabilité des territoires, avec des répercussions en cascade sur la santé, la pollution, les transports, l’économie, la production agricole ».
A quoi ressemblerait la France de 2100 ?
Les glaciers, qui ont perdu 70 % de leur volume depuis 1850, sont tous menacés d’extinction, et ce dès 2050 pour les moins épais. Dans le scenario le plus pessimiste, la mer de Glace disparaît totalement. L’absence de neige en moyenne montagne menace l’économie et l’attachement au modèle du ski.
En Bourgogne, le réchauffement bouleverse la viticulture. Les journées anormalement chaudes, 21 en 2050 contre 13 avant 2005, en moyenne, touchent les plus fragiles. Près de 300 décès ont été attribués à la chaleur dans la région en 2023, soulignent les auteurs du dossier.
En Bretagne, vulnérable à la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer, 2 m dès 2100 si l’accord de Paris limitant la hausse de la température à 1,5 °C n’est pas respecté, grignote plus de 400 km. Le trait de côte perd 50 cm par an. « 130 000 Bretons sont menacés, notamment à Saint-Malo où 25 000 habitants vivent sous le niveau de la mer ».
Le niveau de la mer pourrait monter jusqu'à 75 cm et inonder les quartiers de l'île d'Oléron
En Centre-Val de Loire, la baisse du débit de la Loire et du Cher menace les fondations des châteaux, dont Chenonceau.
Dans la région Grand-Est, la forêt des Vosges change d’aspect. Les conifères, mis en péril par la hausse des températures et les ravageurs, sont remplacés par des essences du Sud.
Les Hauts-de-France prennent l’eau, avec six communes sur dix et 2.2 millions d’habitants exposés au risque d’inondation.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la multiplication des sécheresses assèche les gorges du Verdon et fait dépérir les forêts.
Aux Tuamotu à fleur d’eau (Polynésie française) l’élévation du niveau de la mer force 16 000 habitants quitter les atolls et à migrer.
Que faire pour s'adapter ?
Pour s’adapter, les communes et les collectivités ont besoin de moyens financiers et humains conséquents, qui ne sont pas encore toujours au rendez-vous, encore moins dans le budget 2025. L’Inspection générale des finances évalue les besoins à 21 milliards, chaque année. En 2023, un rapport de France Stratégie commandé par la Première ministre Élisabeth Borne à l’économiste Jean Pisani-Ferry, avançait le chiffre de 66 milliards d’euros par an.
Le coût de l’inaction sera bien supérieur à celui de la transition
Retarder la transition écologique ferait baisser « le PIB de 1,5 point d’ici à 2030 ». Pourtant, déplore Réseau action climat « le Fonds vert, principal levier de financement de la transition écologique locale, ne cesse d’être réduit ». Le dernier coup de rabot l’avait fait passer de 2,5 milliards dans le projet de loi de finances 2024 à 2 milliards. Une enveloppe de seulement un milliard serait prévu pour 2025…
Il est encore possible de limiter les effets à condition que l'État prenne le problème à bras le corps. Selon Benjamin Crettenand, co-auteur du rapport du Réseau Action Climat, "le principal moyen de lutter contre l'impact, c'est de limiter nos émissions de gaz à effet de serre à l'échelle collective". Et pour que l’État se mobilise il faut des élus déterminés à lutter contre le changement climatique, et là c'est aux citoyens de les choisir et d'agir.
Le site du RAC avec les prévisions détaillés des conséquences du dérèglement climatique