L'association Générations Futures vient de publier la carte interactive des achats de pesticides par département, couvrant les années 2015 à 2022. Le Centre-Val de Loire fait figure de mauvais élève. L'Eure-et-Loir, dont le vert foncé signale qu'il est le 7ème plus gros acheteur de pesticides, en France, avec plus de 1800 tonnes/an
Véritable travail d'utilité publique, l'association Générations Futures publie la carte Géophyto des achats de pesticides. Elle permet au public de découvrir quelles sont les substances actives achetées et donc utilisées dans son environnement immédiat.
Herbicides, fongicides, insecticides ou régulateurs de croissance, les pesticides y sont classés selon leur fonction. Mais aussi selon leur nocivité pour la santé et pour l'environnement : les fameux CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques) et les perturbateurs endocriniens. Les substances très toxiques pour le milieu aquatique et celles risquant de contaminer les eaux souterraines font également l'objet de cette étude.
L'Eure-et-Loir en tête pour les substances dangereuses
- Des recherches plus détaillées, notamment sur l'achat des substances classées CMR (pesticides cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques) dangereuses pour la santé, permettent à l'Eure-et-Loir de prendre la tête du classement : c’est le plus gros acheteur avec plus de 500 tonnes de CMR,.
- L’ Eure-et-Loir se distingue aussi pour les perturbateurs endocriniens, à la troisième place pour les substances toxiques pour le milieu aquatique.
- L'Eure-et-Loir est également le 3ème plus gros acheteur de glyphosate, et pour l'achat d'herbicides, toutes molécules confondues..
Parmi ces records détenus par la l'agriculture eurélienne, on peut encore ajouter une substance herbicide, le flufénacet, dans le viseur de Générations Futures : "Nous ciblons particulièrement en ce moment cette substance qui vient d'être identifiée comme un perturbateur endocrinien, reprend Pauline Cervan. Elle se dégrade en un métabolite qui s'appelle le TFA, qui contamine énormément les eux souterraines. La carte nous permet de cibler nos actions, en particulier auprès des ARS qui sont en charge du contrôle sanitaire de l'eau potable. Le Centre-Val de Loire est un gros consommateur de flufénacet, nous allons donc interpeler l'ARS de la région pour rechercher le TFA dans l'eau potable."
Cacher ses pesticides que je ne saurai voir
Face à ses chiffres, l’état (sous l'influence des lobbies agricoles et des élus de droite) et la Chambre d’agriculture ont la même réaction : c’est de l’« agribashing » et mettent en avant des chartes d’engagement sensée réguler l’utilisation de tous ces produits nuisibles pour la santé. Celles concernant les pesticides ont été jugées illégales par la cour administrative d'appel de Versailles début janvier 2025. Cette dernière a débouté l'État et les chambres d'agriculture de cinq départements sur six dans la région dont l'Eure-et-Loir, après qu'ils ont demandé à faire annuler la décision en leur défaveur du tribunal administratif d'Orléans. Les chartes autorisaient les exploitants à épandre leurs produits phytosanitaires à proximité des habitations sous certains conditions jugées trop floues par le tribunal !
Les voisins remercient le Tribunal et la Cour d'Appel.