Eure-et-Loir Ecologie se joint à l’ensemble des associations écologistes et des citoyens pour condamner les dernières prises de position des élus régionaux et locaux en faveur de la mise en concession de la nationale 154. Eure-et-Loir Ecologie estime que le problème est lié à un manque de volonté politique.

 

 

Rappel :

Le projet consiste à relier Allaines (relié par autoroute à Orléans) à Nonancourt (reliés par voie rapide à Evreux et Rouen et bientôt  continument à Alençon). Il a des objectifs à plusieurs échelles :
Echelle nationale : créer un axe de contournement de la région parisienne et améliorer les transports entre le centre de la France et les ports du Havre (marchandises, hydrocarbures) et de Rouen (céréales).
Echelle régionale : créer un axe Nord-Sud alors que les autoroutes sont actuellement en direction de la région parisienne ; améliorer la circulation des camions de marchandises et surtout de céréales vers et depuis Rouen-Le Havre
Echelle locale : créer un contournement de Chartres par l'Est, la rocade Ouest et Sud étant encombrée et sous-dimensionnée (bien qu'elle soit récente) ; contourner de Dreux les transports Nonancourt-Chartres ; aménager la N12 dans le Nord de Dreux (élargissement, ponts...) ; aménager la N12 encombrée entre Dreux et Nonancourt (élargissement, ponts, etc.) ; la N154 entre Chartres et Allones.

Le projet actuel est soutenu par tous les élus locaux et l'Etat consiste à tout aménager d'un bloc en créant une concession sur l'ensemble, en donnant au concessionnaire les portions de voies rapides déjà aménagées ainsi que plusieurs subventions.

 

La position d'Eure-et-Loir Ecologie

Depuis cinquante ans, les élus d’Eure-et-Loir ont prouvé leur complète inefficacité à convaincre le ministère des Transports d’achever le doublement en 2X2 voies de la RN154 sur 90 kilomètres du nord au sud du département.

Trois points noirs sont en jeu : la rocade sud-ouest de Chartres qu’il faudrait recalibrer, l’entrée sud de Dreux-Vernouillet et la zone Saint-Lubindes-Joncherets/Saint-Rémy-sur-Avre où les riverains sont écrabouillés par les pollutions.

Les prévisions d’augmentation du trafic routier à moyen et long terme avancées par les pro-autoroute sont sujettes à caution, notamment à cause du renchérissement du coût des hydrocarbures et des perspectives de transport alternatives moins polluantes imposées par l’urgence climatique.

L’A154 ne permettra pas de faire disparaître les bouchons automobiles dans l’agglomération de Chartres ou le trafic est essentiellement un trafic de proximité, pas de transit interrégional ou national. Pour fluidifier les trafics sur Chartres il faut repenser tous les déplacements : adaptation de la rocade, parkings périphériques, développement des transports collectifs, pistes cyclables, etc.

L’autoroute ne sera pas génératrice de développement économique au mieux elle permettra l’implantation d’entreprises à proximité des entrées-sorties. Or, le projet ne prévoit qu’une entrée-sortie tous les quinze-vingt kilomètres en moyenne. Les entrées-sorties actuellement disponibles tous les un ou deux kilomètres sur la RN154 seront fermées, les entreprises devront déménagés créant de nouvelles friches industrielles. Elle n’est donc pas le meilleur outil de développement des territoires de proximité.

Elle sera également dévoreuse de foncier, de terres agricoles très fertiles. L’autoroute rendra obligatoire la réalisation de voies de substitution (gratuites) pour les usagers qui refuseront d’emprunter l’A154 et d’acquitter le péage. Il y aura forcément des transferts d’insécurité routière vers des zones d’habitation, rurales et périurbaines.

Les Euréliens devront payer pour aller travailler, le coût du trajet Chartres-Dreux et retour représentera un millier d’euros minimum par an. Les tronçons 2X2 voies de la RN154 (notamment entre Chartres et Dreux) ont déjà été financés par nos impôts. Le péage nous fera payer une deuxième fois ! Le concessionnaire exige, avant de commencer les travaux, le versement d’une subvention d’équilibre (de 60 millions d’euros), car il ne croit pas à la rentabilité du projet, payable moitié par l’État moitié par les communautés d’agglomération de Dreux, Chartres et le conseil départemental.

Le coût de l’A154 dépassera largement 700 millions d’euros. Avec les avenants incontournables, l’investissement inutile sera d’environ un milliard d’euros (soit 2 000 € par Eurélien). L’ouvrage le plus couteux (plusieurs centaines de millions d’euros) est le viaduc destiné à franchir la vallée de l’Eure à hauteur de la commune de Saint-Prest.

À propos des itinéraires de substitution (voir plus haut), les collectivités publiques concernées (communes et communautés de communes et d’agglomération) devront financer de considérables équipements de sécurisation.  L’A154 ne sera pas moins polluante que les routes. Elle sera énergivore et destructrice d’espaces agricoles et/ou protégés. Ses effluents mettront en danger la nappe phréatique déjà terriblement dégradée en Eure-et-Loir. Les nuisances seront auditives, visuelles et olfactives.

Ce projet est en totale incohérence avec les résolutions nationales (Grenelle de l’Environnement) et internationales qui insistent sur l’impérieuse nécessité de privilégier le développement des moyens de transport alternatifs, le ferroviaire par exemple. La France s’est engagée à réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990, en application de l’accord de Paris. Le 19 novembre 2020, le Conseil d'État a considéré que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés par la loi sont contraignants, c’est aussi valable en Eure et Loir.

Eure-et-Loir Ecologie demande aux collectivités locales d’abandonner le projet de l’A154 et d ‘améliorer la vie des Euréliens en planifiant le contournement de Saint/Rémy-Sur-Avre, en recalibrant la rocade de Chartres et l’entrée sud de Dreux-Vernouillet.