En 2024 40,9% de l’électricité dans le monde ont été fournis par des sources d’énergie à bas carbone, d’après le rapport annuel du think-tank Ember, spécialisé dans les questions d’énergie.

C’est la première fois que la barre des 40%, au niveau mondial, est dépassée. La croissance des énergies décarbonées, est due à celle de l’énergie solaire (+29% en 2024, par rapport à 2023). L’énergie solaire représente désormais environ 7% de l’électricité produite dans le monde : ce pourcentage a doublé en deux ans, elle a triplé en deux ans en Chine.

C'est l’effet des énormes investissements chinois dans le solaire : la Chine représente désormais 39% de l’énergie solaire produite dans le monde. En Inde, elle a doublé en un an. En Chine et en Inde, on assiste à un découplage des courbes de la demande d’électricité et de la consommation des énergies fossiles : ce sont les ENR qui répondent majoritairement à la hausse de la demande.

En 2024 en Chine, les énergies renouvelables ont couvert 81% de la hausse de la demande, en Inde aussi : d’ici 2030, l’Inde pourrait totalement couvrir la hausse de la demande électrique avec des énergies bas-carbone.

On sait que la demande d’électricité va continuer à croître au cours des prochaines années, à la fois à cause du développement économique de certains pays mais aussi à cause de nouveaux usages comme l’intelligence artificielle, et bien sûr, à cause de l’électrification de l’énergie. Les ENR vont répondre à cette demande, c'est une bonne nouvelle.

La France encore très dépendante aux énergies fossiles

Il ne faut pas confondre le mix énergétique avec le mix électrique. En France notre production d’électricité est très largement décarbonée, notamment grâce au parc nucléaire. Pourtant nous restons encore très dépendants des énergies fossiles : nous consommons du gaz pour le chauffage des bâtiments et dans l’industrie, nous consommons du pétrole dans les voitures, etc.

Pour sortir des énergies fossiles il faut électrifier la mobilité, grâce aux voitures électriques, ou le chauffage, grâce aux pompes à chaleur.

Le solaire s'impose dans le monde entier

Aux Etats-Unis, pour la première fois, les énergies renouvelables ont généré en 2024 davantage d’électricité que le charbon – et c’est au Texas (état Trumpiste par excellence) que les énergies renouvelables se sont le plus développée en 2024.

En Europe, la seule énergie solaire a réalisé la même performance et a aussi dépassé le charbon pour la première fois en 2024.

La Chine commence aussi à exporter des panneaux solaires en Afrique, ce qui est essentiel : en 2024 il y avait à peu près autant de panneaux solaires en Belgique que sur tout le continent africain !

La part du nucléaire diminue

L’énergie hydro-électrique représente 14% du mix électrique mondial, l’énergie éolienne représente 8% de la production. Le nucléaire représente 9% du mix électrique mondial, mais ses parts ne cessent de diminuer : c’était à peu près le double il y a 25 ans.

Le seuil de 50% d’électricité décarbonée pourra être franchi à court terme.

Trop d'électricité produite en France !

En 2025, la France se retrouve dans une situation inédite côté énergie. Grâce à des conditions météo super favorables et au redémarrage rapide de ses réacteurs nucléaires, le pays produit plus d’électricité qu’il n’en consomme.

La météo à la fois venteuse et ensoleillée a permis une production renouvelable hors norme. Les parcs éoliens et solaires ont battu des records, produisant bien plus que ce dont le pays avait besoin. Parallèlement, le redémarrage anticipé des réacteurs nucléaires a amplifié ce surplus. En 2024, cette situation a conduit la France à exporter 88,3 térawattheures d’électricité, faute d’une demande locale suffisante.

Même avec une reprise économique, la consommation intérieure reste modérée. Depuis la crise énergétique de 2022, les Français ont adopté une certaine « sobriété énergétique », ce qui les incite à réduire leur usage de l’électricité.

Répercussions économiques pour l’Europe

Cet excédent oblige la France à exporter largement vers ses voisins européens ce qui fait chuter les prix de l’électricité sur le marché de gros, les faisant frôler zéro, voire devenir négatifs. Du coup, les producteurs français se trouvent dans la position inédite de devoir payer pour écouler leur surplus, avec des pertes financières qui se sont élevées à 80 millions d’euros l’année dernière.

Même si les prix de gros s’effondrent, les factures d’électricité des foyers français restent élevées. Les taxes et divers mécanismes de régulation empêchent que ces baisses de coûts se reflètent directement sur les factures des consommateurs.

Les consommateurs n’hésitent pas à exprimer leur mécontentement face aux tarifs énergétiques toujours élevés, malgré l’abondance d’électricité produite localement. Ils demandent une réforme pour que les bénéfices de cette transition soient mieux répartis.

Vers une refonte du marché de l’électricité

Plusieurs pistes sont évoquées pour adapter le système aux nouvelles réalités d’une production plus variable et décentralisée : c'est le défi du Smart Grid (Réseau intelligent gérant au mieux la production, le stockage et la demande). La Commission de régulation de l’énergie (CRE) propose, par exemple, une révision du tarif actuel en décalant les tarifs avantageux vers l’après-midi (afin de profiter au maximum des pics de production solaire et éolienne).

Ces mesures viseraient à optimiser l’utilisation du réseau électrique et à donner aux consommateurs un accès plus direct aux bénéfices financiers générés par les énergies renouvelables.

Une situation paradoxale

La France affiche un excédent important d’électricité, sans que cela ne se traduise par des avantages pour les consommateurs locaux.

Ce surplus soutient l’approvisionnement énergétique européen, il montre aussi la nécessité d’une révision du marché de l’électricité pour aligner production abondante et retombées pour les utilisateurs.

Le gouvernement, malgré l'énorme dette publique – mais sous influence du lobby nucléaire - veut investir dans de nouveaux réacteurs nucléaires alors que les ENR, moins coûteuses et plus souples, couvrent la hausse de la demande.

Il est donc possible d'optimiser les investissements énergétiques, de couvrir la hausse de la demande, et de diminuer de plus en plus la part des énergies fossilles tant en France que dans le monde. La réalité économique s'impose, et le recours au nucléaire doit être réexaminé.