Selon une récente étude (Nature Climate Change de mai 2025), les 10% des personnes les plus riches de la planète sont responsables des deux tiers du réchauffement climatique depuis 1990. Pour la première fois, l'impact de la concentration des richesses privées sur les événements climatiques extrêmes a été étudié.
"Nous établissons un lien direct entre l'empreinte carbone des individus les plus riches et les impacts climatiques... on passe ainsi de la comptabilité des émissions carbone à la responsabilité climatique", selon Sarah Schongart de l'université de Zurich, autrice principale de cette étude.
Les milliardaires américains et chinois, principaux responsables
Les émissions des 10% des personnes les plus riches en Chine et aux États-Unis, qui représentent à eux seuls près de la moitié de la pollution mondiale liée au carbone, ont chacune multiplié par deux ou trois les extrêmes de chaleur, indique l'étude. Et par rapport à la moyenne mondiale, 1% des plus fortunés ont contribué 26 fois plus aux vagues de chaleur centennales, et 17 fois plus aux sécheresses en Amazonie.
L'étude combine des données économiques et des simulations climatiques pour retracer les émissions des différents groupes de revenus mondiaux et évaluer leur impact sur des types spécifiques de phénomènes météorologiques extrêmes liés au réchauffement climatique. Les chercheurs ont également mis en évidence le rôle important des investissements financiers dans les émissions de gaz à effet de serre, et pas seulement la corrélation avec le mode de vie ou la consommation personnelle des personnes les plus riches.
Taxer les plus riches plutôt qu'une taxe carbone pour tous
"Une action climatique qui ne prendrait pas en compte les responsabilités démesurées des plus riches risque de passer à côté de l'un des leviers les plus puissants dont nous disposons pour réduire les dommages futurs", estime Carl-Friedrich Schleussner, directeur du Groupe de recherche intégré sur les impacts climatiques à l'Institut international d'analyse des systèmes appliqués, près de Vienne. Les détenteurs de capitaux, a-t-il noté, pourraient rendre des comptes de leurs impacts climatiques par le biais d'impôts progressifs sur la fortune et les investissements favorisant les émissions carbone.
Des recherches antérieures ont montré que la taxation des émissions liées aux actifs est plus équitable que les taxes carbone appliquées à l'ensemble de la population, qui ont tendance à peser sur les plus faibles revenus. L'année dernière, le Brésil avait plaidé en faveur d'une taxe de 2% sur le patrimoine net des particuliers détenant plus d'un milliard de dollars d'actifs.
Pourquoi pas en France et en Europe ?